Reportages


Bernard Stiegler, la philosophie sans antivol

Plaisirs du Gers, 2011

Bernard Stiegler est un philosophe en guerre. En guerre contre le consumérisme culturel et cette économie de la dépendance que la loi du marketing généralisé nous impose chaque jour davantage. Fervent adepte et fin connaisseur des techniques numériques, le philosophe, qui s’est récemment installé en région, défend un processus de «reterritorialisation» et prône une économie de contribution où l’échange serait de nouveau au cœur de la relation humaine. Partons à sa rencontre afin d’en savoir davantage. 

Nous sommes à Épineuil-le-Fleuriel. Non, Épineuil-le-Fleuriel n’est pas dans le Gers. Ni même en Midi-Pyrénées. Épineuil-le-Fleuriel se trouve au centre de la France, dans le département du Cher.

© Jean-Bernard Nadeau OPALE

Épineuil-le-Fleuriel est connu pour être le village qui a servi de cadre au roman Le Grand Meaulnes. Dans le livre, le lieu s’appelle Sainte-Agathe, mais il s’agit bien en réalité d’Épineuil, et l’école que l’on aperçoit au bord de la route est bien celle où le petit Alain-Fournier habita et où il fut l’élève de son père jusqu’en 1898. Désaffectée, elle a depuis été restaurée et transformée en musée, en 1994.

L’école du Grand Meaulnes
Aucun lecteur n’a, bien sûr, oublié le merveilleux Domaine inconnu découvert par Augustin Meaulnes lors de sa fugue. Et si certains ont cherché à retrouver dans les châteaux des alentours « la vieille tourelle grise qu’on apercevait au-dessus des sapins », peu savent qu’en fait elle a été en particulier inspirée par une ferme-fortifiée de Tardan, près de Laurac, où l’auteur Alain-Fournier, lors de manœuvres militaires entre Gers et Garonne, avait séjourné en septembre 1909.

Alain-Fournier avait, quelques mois plus tôt été nommé sous-lieutenant au 88e régiment d’infanterie à Mirande où il avait loué un petit appartement, à l’angle de la route de Tarbes, et il n’avait pas manqué, durant l’été, de visiter le musée des Augustins de Toulouse.

On ne le savait pas, mais l’étrange et mystérieuse Sologne décrite dans le roman était un peu gersoise…

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 Philippe Druillet, le druide du futur

Plaisirs du Gers, 2012

Grand prix de la ville d’Angoulème en 1988, Philippe Druillet n’est pas seulement un grand nom du futur de la bande dessinée. Ce touche-à-tout est devenu au fil des ans un de nos artistes les plus importants. Longtemps habité par un sombre passé familial, cet être sensible que la vie n’a pas épargné se révèle surtout un incroyable personnage.

DruilletLe 15 mars dernier, le dessinateur Philippe Druillet n’était pas présent à l’enterrement de son vieil ami Jean Giraud, également connu sous le nom de Moebius, avec qui il créa le magazine Métal Hurlant et les éditions Les Humanoïdes associés qui, à l’aube des années 80, ont imposé la science-fiction en France. Une semaine plus tôt il n’était pas non plus à celui de Gloria Campana, la réalisatrice de documentaires remarqués sur Serge Klarsfeld, Serge Rezvani ou Enki Bilal. Philippe Druillet en a marre de la mort et il s’est juré de ne plus assister à aucun enterrement. Pas même le sien.

Le survivant
Philippe Druillet est un survivant. La Grande Faux a toujours été sa «  meilleure ennemie » et il n’a eu de cesse de la combattre tout au long de ces années. Il a survécu à la mort de sa première femme Nicole, en 1976, dont il a tiré La Nuit, un album crépusculaire, sombre et tourmenté, puis à celle de son scénariste Jacques Lob, avec qui il avait entamé en 1987 la suite de Delirius, l’opus qui les a fait connaître et qui, 25 ans après, vient enfin de paraître chez Drugstore. Il a survécu à l’alcool et à l’amour, aux années de défonce qui l’ont vu essayer à peu près tout ce qui se présentait sur le marché, à la folie qui n’a cessé de rôder autour de sa table de travail où il s’acharnait comme un forcené. Surtout, il a survécu à son enfance. « Je suis mort à la mort de mon père. J’avais sept ans » confesse-t-il en me tendant son paquet de cigarettes. Depuis que je l’ai rejoint dans son atelier en mezzanine, en bordure de la gare Montparnasse, il n’a pas cessé de fumer et c’est à travers d’épaisses volutes que je découvre l’antre de cet artiste inclassable aujourd’hui âgé de 66 ans. « J’ai l’âge de Mick Jagger, tu vois un peu le truc ! »

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Détectives citoyens

Entretien Sylvie Gilman / Thierry-Vincent de Lestrade, décembre 2015

À la ville comme en reportage, Sylvie Gilman et Thierry-Vincent de Lestrade forment un duo inséparable, débordant d’activités et de projets. Quand nous les retrouvons en cette fin d’automne à Paris au café restaurant La Caravane – un nom qui va comme un gant à ces reporters au long cours qui avalent à longueur d’année les kilomètres et les tournaimagesges –, ils viennent de boucler le montage de leur dernier film Le jeûne, une nouvelle thérapie ?, qui sera diffusé sur France 2. Une occasion pour nous de faire mieux connaissance avec ce duo concerné, à la démarche non seulement journalistique mais citoyenne.

Pouvez-vous nous dévoiler en quelques mots le sujet du film que vous venez de terminer ?
Thierry de Lestrade : C’est un projet fortement lié à Éric Fottorino, l’ancien directeur du journal le Monde, qui est un grand passionné de cyclisme. A l’occasion du centième anniversaire du Tour de France, il a organisé un « Tour de Fête » où accompagné d’une vingtaine de jeunes recrutés après une annonce publiée dans les journaux régionaux il effectue le même tracé que les professionnels mais la veille de l’étape.
Sylvie Gilman : Le vélo, comme il l’a écrit dans ses livres, en particulier dans L’homme qui m’aimait tout bas, occupe une place particulière dans la vie d’Éric Fottorino puisque c’est en lui offrant une bicyclette pour ses douze ans que son père, qui n’était pas son père biologique, a établi avec lui une véritable relation.
Thierry de Lestrade : Le tout représente quand même plus de 3300 kilomètres et au-delà de la beauté des paysages, du côté exaltant de l’aventure, c’est avant tout une épreuve physique.
Sylvie Gilman : Ces jeunes français représentent la diversité de notre pays et il est important de montrer que l’effort et surtout l’entraide aident à réaliser les choses les plus grandes.
Thierry de Lestrade : Le sport, moi qui viens d’une terre de rugby je le sais bien, a cette valeur fondatrice de pouvoir lier les êtres sans qu’il y ait besoin de paroles ou d’explications.

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Pierre Barouh, l’homme-joie

Ce soir, nous avons rendez-vous à l’Atelier, un club de jazz comme Pierre Barouhon les aime, à l’atmosphère chaude et feutrée. Nous avons rendez-vous avec Pierre Barouh dont tout le monde connaît les succès mais dont beaucoup ignorent le nom et le parcours. C’est que l’homme, qui n’a jamais trop goûté la lumière des sunlights, n’en a fait bien souvent qu’à sa tête qu’il a joyeuse et vagabonde.

Pierre Barouh n’aime pas ce qui commence. Il n’aime pas les trois coups. Il préfère que rien ne soit arrêté, que les choses viennent d’elles-mêmes, prises dans le fil de la vie. Pierre Barouh n’est pas venu faire le chanteur et pendant que le public continue d’arriver, il a demandé à ce qu’on projette sur le mur de pierres du caveau un film en Super 8 qu’il a tourné il y a quelques années au Japon. On y apprend entre autre que le Christ est mort à 106 ans et qu’il est enterré quelque part sur l’île du Soleil levant…

Le Visiteur du Soirpierre_barouh
Pierre Barouh est ainsi. Lui qui s’est beaucoup promené, comme il le dit, aime bien prendre son interlocuteur par la main et l’emmener avec lui, lui raconter des histoires, les anecdotes à l’origine de telle ou telle chanson. Il n’est pas là pour qu’on l’admire ou qu’on l’applaudisse, Ce n’est pas une vedette, encore moins une star. S’il est venu ce soir, c’est pour échanger. Pour rencontrer des gens et partager avec eux non seulement son répertoire, mais les airs qu’il aime, les gens qu’il a croisés et les paysages qu’il a eu le bonheur de découvrir dans sa belle et déjà longue existence.

Le P’tit ciné d’en bas d’chez moi
Dans ma banlieue à Levallois
Depuis hier
À des manières
Qui me chagrinent

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Didier Goupil             didier.goupil1@orange.fr            06.63.90.47.98